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Ghost flows, 2022
Crayon et fusain sur papier, verre gravé et encré
105 x 120 cm
Collection privée -
Ghost flows 2, 2022
Crayon et fusain sur papier, verre gravé et encré
105 x 105 cm
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Ghost flows 3, 2022
Crayon et fusain sur papier
105 x 86,5 cm
Collection privée -
Ghost flows 5, 2022
Lanières PVC encrées, métal
245 x 100 cm
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Sans titre, 2022
Verre gravé et encré, film coloré, encadrement métal
50 x 60 cm
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Tous ceux qui ont continué à courir 2, 2023
Huile sur toile, verre sablé et encré, encadrement métal
149 x 117 cm
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Horizon, 2023
Édition 1/2
Captations de caméra de surveillance, datamoshing, Rasberry pi, écran LCD, huile et plexiglass, Boucle de vidéo de 19h
30 x 12 cm
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Tous ceux qui ont continué à courir , 2023
Huile sur toile, verre sablé et encré, encadrement métal
149 x 117 cm
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Tous ceux qui ont continué à courir 3, 2023
Huile sur toile, verre gravé et encré, encadrement métal
162 x 132 cm
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Sans titre, 2023
Verre sablé et encré, aluminium
130 x 90 cm
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Sans titre, 2023
Verre sablé et encré
47 x 32 cm
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Sans titre, 2023
Verre sablé et encré, encadrement métallique
164 x 87 cm
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Sans titre, 2023
Verre sablé et encré, alluminium
110 x 90 cm
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Sans titre, 2023
Huile sur toile, encadrement métal
20 x 25 cm
Collection privée -
Sans titre, 2023
Crayon sur papier
47 x 33 cm
Collection privée -
Limina, 2023
Verre sablé et encré, métal
102 x 42 cm
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Limina 4, 2023
Verre sablé et encré, métal
102 x 42 cm
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Limina 3, 2023
Verre sablé et encré, métal
34 x 165 cm
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Limina 2, 2023
Verre sablé et encré
100 x 41 cm
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Infras 1, 2019
Verre gravé et encré, encadrement métal
130 x 100 cm
Collection particulière -
Vertigo, 2021
Verre gravé et encré, film coloré, vidéo sur écran LED, encadrement métal
120 x 150 x 10 cm
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Vertigo 2, 2021
Verre gravé et encré, film coloré, encadrement métal
210 x 62 cm
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Landscape, 2021
Verre gravée et encré
200 x 20 cm (x4 éléments)
Collection particulière -
Vertigo 4, 2021
Verre gravé et encré, film coloré, encadrement métal
197,5 x 70 cm
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Vertigo 3, 2021
Verre gravé et encré, film coloré, encadrement métal
104,5 x 187 cm
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Passant 1, 2018
Les Passants
Huile sur toile et tôle perforée
162 x 130 cm
Collection particulière -
Vertigo 5, 2021
Verre gravé et encré, film coloré, encadrement métal
61,5 x 151,5 cm
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Passant 3, 2018
Les Passants
Huile sur toile et tôle perforée
162 x 130 cm
Collection particulière -
Rituels, du bleu, du ciel, 2021
Lanières PVC souple gravées et encrées, néon, métal
194 x 180 cm
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Sursis 3, 2021
lanière PVC gravée et encrée, métal
70 x 35 cm
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Sursis 4, 2021
lanière PVC gravée et encrée, métal
70 x 35 cm
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Proverb, 2020
Dessin à l'encre sur verre gravé, encadrement métal
101 x 62 cm
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Infras 2, 2019
Verre gravé et encré, encadrement métal
130 x 100 cm
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Sans titre, 2017
Verre gravé et encré
280 x 300 x 130 cm
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Sans titre , 2015
Crayon et fusain sur papier
78 x 118 cm
Présentation
Tous ceux qui ont continué à courir
« Tous ceux qui ont continué à courir », c’est l’histoire d’une nuit sombre dans une station balnéaire, une soirée peuplée de corps anonymes dont il ne reste que des fragments. Lenny Rébéré déroule ce scénario au travers d’œuvres qui sont autant de bribes d’une déambulation nocturne oscillant entre liesse et angoisse.
Tout commence en bord de mer. Des individus sans individualité, agrégats de pixels, nagent, jouent, se promènent. Les corps se dissolvent progressivement et se mêlent aux vagues, devenues nuées. Catastrophe (sur)naturelle ou glitch dans la matrice ? Cette scène a été capturée par l’œil voyeur de caméras de vidéosurveillance dont le streaming live est à portée de connexion internet. Encapsulée et immergée dans un liquide huileux, elle semble n’être plus qu’un souvenir flou figé dans du formol.
Mettons nos prothèses numériques de côté et mêlons-nous à la fête, un verre à la main. L’ambiance moite des soirées d’étés où l’orage point après une journée caniculaire se fait sentir. Des corps présents, il ne reste que des parcelles toutes parcourues d’une perturbation rampante qui les distord ou les morcèle.
Des grands formats composés de verre sablé – première itération de cette technique dans le travail de l’artiste – et encré de présences spectrales révèlent à l’arrière-plan de mystérieuses peintures dans les interstices de lumière où la pénombre de l’encre ne s’est pas immiscée. Par un montage offline d’images nées ou trouvées online, Lenny Rébéré réalise un morphing analogique qui provoque d’inquiétantes déformations dans les corps, auquel vient se mêler in situ notre propre réflexion.
La fête se poursuit et nous scrollons parmi les nuques, les dos et les mains pour certains agressivement traversés de métal. Selon l’artiste, ces percées, par leurs courbes sinueuses, rendent un peu de leur organicité à ces bouts de corps autant qu’elles expriment l’impossibilité pour un cadre orthonormé de contenir ces images.
Dans les instantanés de cette soirée cohabitent un temps court et un temps long : celui d’une nuit et celui de la libre circulation généralisée et du flux permanent d’images de la vie quotidienne où le banal, l’absurde, l’historique et l’explicite se côtoient.
Comme dans L’homme-boîte de Kôbô Abé, il y a « tous ceux qui ont continué à courir », cédant à la liquidité de notre société[1]. Le personnage principal du roman les observe via une fente dans la boîte dont il a recouvert le haut de son corps pour se protéger d’un monde qui va trop vite tandis que nous rejoignons la course effrénée en les scrutant à travers nos écrans. Certains s’accordent un pas de côté, préférant la liquidité des océans et la cajolerie d’une douce ivresse. C’est là qu’essaye de nous emmener Lenny Rébéré, au moins le temps d’un bain de minuit.
Romy HAMMOND, 2023
[1] La notion de société liquide, forgée par le sociologue Zygmunt Bauman, désigne nos sociétés contemporaines qui possèdent un cadre en changement permanent et se caractérisent par la (sur)consommation et une hyperflexibilité des rapports sociaux.
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Au premier contact, les dessins de Lenny Rébéré posent un paysage ambigu et flottant qui nécessite un travail de décodage et mobilise toute notre attention. L’image lutte, se débat contre notre volonté de l’appréhender dans sa totalité, de la décrire, de la comprendre. Elle lutte contre notre regard, l’éprouve et lui impose son propre mouvement, ses indistinctions et ses respirations. C’est à peine si elle lui offre l’occasion de se reposer sur un détail en particuliers, tant il y en a d’entremêlés.
“Des séries d’images défilent sur mon écran” : s’emparer du monde par zapping sans parvenir à donner une quelconque valeur à ce qui passe sous nos yeux. L’artiste, ici, se pose en spectateur, en percepteur même, prélevant dans le flux d’internet des bribes de vies, photographies d’événements, publicités... de ces images numériques rendues publiques et disponibles pour tous qui ne permettent plus d’autre alternative que de ressentir l’intimité d’êtres anonymes, que l’artiste mêle à la sienne, à son histoire, à ses images (photographies de vacances, d’amis, de lieux et de paysages visités). Évocatrice d’un monde chaotique et saturé où l’on ne discerne plus le singulier à force de trop voir, où l’intime et le collectif se retrouvent liés, la pratique de Lenny Rébéré débute ainsi par l’accumulation.
Puis vient le temps de la recomposition, quand la main remplace l’oeil et mobilise la mémoire. Les images sont alors déposées sur le papier ou sur la toile. Le processus est long, la technique précise : par le geste continu du dessin, Lenny Rébéré replace l’action et la volonté au coeur de la création. Ces images recouvrent alors peu à peu la physicalité dont leur nature numérique, bien éloignée de celle physico-chimique des premières photographies, les avait privées. Pour ces images orphelines, multiples et dépourvues de corps, c’est le temps de la synthèse et de la réincarnation.
Fragiles, vibrantes, transparentes comme des calques, elles ne parviennent cependant pas totalement à se fixer, mais demeurent plutôt dans un entre-deux singulier et déroutant où tout semble à la fois proche et lointain. Les plans se confondent, la composition renonce presque à toute saillie ; ne reste à la fin que l’image fantomatique d’un paysage fuyant que viennent habiter des figures indistinctes ou des corps suspendus et comme enfermés dans le cadre d’un support vide. Les choses, les lieux, les époques se confondent, s’enchevêtrent, se superposent et se contaminent pour composer une troisième image hybride, qui tient tout autant de la fiction que de la réalité. Une image-synthèse agissant à la manière d’un rêve, par rémanences, par fondus, par impressions successives.
Ici le réel se mêle au possible et compose un écran vivant sur lequel peuvent venir s’inscrire nos phantasmes dont le surgissement est d’autant plus saisissant qu’il nous entraîne des deux côtés du miroir. Oscillant entre la volonté d’émerger et la tentation de se replier sur elle-même, l’image devenue phénomène concilie dès lors la catégorie esthétique du visuel (l’image) et la catégorie ontologique de l’événement (le moment de la perception) : l’action n’est plus seulement décrite dans, mais produite par l’image, tout à la fois objet et sujet de notre regard, capable désormais de “rendre visible l’activité organisatrice du percevoir”.*
Thibault Bissirier, octobre 2015
* Attribué à Paul Cézanne.
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Lenny Rébéré est né à Lyon en 1994. Il vit et travaille à Paris.
Après une formation à l’école ESAIG Estienne (Paris), Lenny Rébéré fut diplômé en 2018 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Atelier Dominique Gauthier).