Sur une invitation de Maude MARIS à Mireille BLANC et Colombe MARCASIANO | 10 ans de résidence à Chamalot.


« Je veux qu’un objet perde sa destination usuelle ; je ne le prends qu’au moment où il n’est plus bon qu’à être jeté à la boîte à ordures, au moment où finit son usage limitatif et c’est alors seulement que l’art lui confère un caractère universel. » (Georges Braque)

La galerie Isabelle Gounod a le plaisir de présenter “Objets à réaction”, une proposition de Maude Maris à l’occasion des 10 ans de Chamalot-Résidence d’artistes. Maude Maris,  Mireille Blanc et Colombe Marcasiano, trois peintres qui ont en commun le recours à l’objet, et dont la pratique est traversée par la sculpture.

Si la démarche de Colombe Marcasiano s’inscrit dans une perpétuelle économie du recyclage, nous partageons avec Mireille Blanc la manipulation de l’image de l’objet.  

Ce qui nous réunit, c’est le chemin, le processus qui mène à ce qui sera montré ; la nécessité de prélever la trace de l’humain comme matériau pour fabriquer l’œuvre.

Le Corbusier qualifiait  d’ «objets à réaction poétique » les galets, os et coquillages qu’il collectionnait.

L’ « objet à réaction » pour Colombe, c’est la rue, la beauté du chantier, c’est le matériau cheap du bricoleur. Pour Mireille c’est l’objet ordinaire, trouvé et photographié, ou recadré dans une photo de famille chinée dans des brocantes, dont nous avons la fréquentation en commun, pour mettre en œuvre les sujets de nos peintures.

Il nous faut mâcher le quotidien, le digérer pour le restituer, et pour cela nous recourons à un cycle de reconversions de l’objet, plus long que le temps de la peinture lui-même.

Les éléments que nous prélevons dans notre environnement (aggloméré, photographies, figurines) soulèvent la question de l’artifice et de la reconstitution factice.

La seule représentation humaine présente dans cette exposition est une petite poignée anthropomorphe - main réduite du sculpteur - de la toile E.B de Mireille Blanc. Au détour du contradictoire fragment d’une colonne sans fin, Sombre élan, de Colombe Marcasiano, on devine une présence et l’impression d’un lieu déjà visité, dans la toile de la série Ateliers¹.

Plus loin, les Fades ² de Colombe Marcasiano, tubes de laiton ou d’aluminium peints, font signe de dépouillement, entre figure filiforme de la colonne et bâton élancé d’un pèlerin qui arpenterait l’espace quotidien. On circule d’un  paravent miniature, The Little Grey, recouvert d’un crépi presque gourmand (Colombe), à la peinture Le gâteau de S, construction crémeuse (Mireille), en passant par un empilement de moulages (Maude).

Car c’est bien à partir de l’objet de tous les jours, que nous façonnons une esthétique du domestique métamorphosé.

Copie épurée, réduction par le cadrage ou par l’échelle, altération par les étapes successives du travail, nous explorons dans notre rapport au réel ce même principe d’abstraction que Rodin recherchait dans les fragments antiques de bustes décapités qu’il collectionnait.

Maude Maris, juillet 2016

¹ Maude Maris
² En anglais, to fade : se fondre

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