Né à Leeds en 1944, Glen Baxter partage son enfance entre les salles de cinéma et les bibliothèques. Dans les premières, il s’enivre de Westerns avec leurs cowboys, ou du burlesque transgressif et déjanté des Marx Brothers. Dans les secondes, il apprend à aimer les mots en se plongeant dans les livres d’aventures, notamment ceux de W.E. Johns narrant la vie trépidante du pilote James Bigglesworth. « Au dos du livre, l’auteur – qui se faisait appeler le Capitaine Dibbleby Johns – avait signé une lettre aux lecteurs par la formule “À vous, aéronautiquement” et je me suis dit, ça c’est classe ! » (1), se souvient Glen Baxter. L’absence de grade de Capitaine dans la Royal Air Force (ce qui rendait le personnage de Biggles totalement impossible et fictif) ne manque pas de l’intriguer, tout comme les mots étonnamment longs et complexes utilisés pour un livre à destination de si jeunes lecteurs. « Il utilisait des mots comme “reconnaissance” et ses personnages ne “parlaient” jamais, ils “estimaient” ou ils “laissaient échapper” (…) Vous savez, jamais personne ne “dit” rien dans mes dessins. Ils “laissent échapper”, ils “couinent” ou ils “gémissent”. » (2)

Après une formation à l’école d’art de Leeds – où il comprend qu’il est davantage attiré par la poésie que par la peinture abstraite – Glen Baxter déménage à Leytonstone, la ville natale d’Alfred Hitchcock, dans le Nord de l’Angleterre. C’est à cette époque que sa préférence pour le surréalisme et l’écriture se confirme. « J’ai commencé à travailler avec une compagnie de théâtre alternative, The People Show, pour laquelle j’ai écrit quelques scripts, dont un a été joué lors d’un festival à Edimbourg en 1968. J’apparaissais sur scène en Inspecteur Baxter. Nous nous sommes beaucoup amusés. Je n’étais encore jamais allé à un festival, ni même monté sur scène. » (3)

Dans les années 1970, il s’envole pour New York, sur l’invitation du poète Larry Fagin qui lui propose de lire ses textes à St Mark’s Church dans le cadre du Poetry Project. Ce séjour, ainsi que les expériences d’écriture qu’il mène sur place bouleversent sa carrière : « C’était comme mettre les doigts dans la prise (…) la scène artistique était si vivante. Tout le monde paraissait être un poète, ou du moins aspirait à le devenir. » (4)

De retour à Londres en 1978, Glen Baxter met progressivement en place la formule qui le rendra célèbre : un dessin à la ligne claire (réalisé à l’encre) coloré au crayon, un style qui rappelle les livres pour enfants, et un texte court, décalé, induisant un rapport inattendu avec la saynète qu’il accompagne. « Les premiers poèmes que j’ai écrits se sont condensés, un peu comme des légendes sous l’image, explique-t-il. Cela fonctionne parce qu’il y a une fracture dans le récit. C’est comme si vous trouviez une page d’un livre, mais vous ne savez rien du livre auquel elle appartient. Alors vous vous demandez : qu’est-ce qui se passe ici ? C’est cette collision, ce moment d’explosion de la pensée (…) Je veux que les personnes qui regardent mes œuvres se demandent “qu’est-ce qui est drôle là-dedans ? ”. Et ça, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. » (5)

Ainsi que Liv Siddall ne manque pas de le souligner, « l’humour présent dans les œuvres de Glen Baxter n’est donc pas narquois, ni sarcastique, ni sombre, il est chaud. Il fait rire par induction. Plus important encore, il nous rappelle que la vie n’est pas toujours tenue d’avoir du sens. Ni que rien n’est comme il y paraît. » (6)



1 à 5 - Citations de Glen Baxter, extraites de l’article de Liv Siddall « Glen Baxter. Revenge of the Stammerer », 2020. A lire en intégralité sur le site Wepresent : https://wepresent.wetransfer.com/story/glen-baxter/
 
6 - Citation de Liv Siddall dans son article « Glen Baxter. Revenge of the Stammerer », 2020. A lire en intégralité sur le site Wepresent : https://wepresent.wetransfer.com/story/glen-baxter/

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