Le travail de Lucie Duval, artiste québécoise, présenté pour la première fois à la galerie, s?est développé depuis quelques années autour d?un objet usuel : des gants pour travailleurs, gants « made in China » et vendus dans le monde entier. Mondialisation oblige, tout se fabrique à moindre coût. Ils illustrent à eux seuls toute une économie de marché où l?industrie du textile fut l?un des premiers secteurs touché par cette mondialisation
Mais ici, les signes sont déviés, ces mêmes gants repris par Lucie Duval trouvent une nouvelle fonction. Lucie Duval, coud ces gants entre eux, un à un, réalisant ainsi des vêtements-sculptures/vêtements haute-couture (ce sont aussi des « petites-mains » qui réalisent les modèles créés par les couturiers). L?expression fait main prend tout son sens. Ces mains-gants ainsi cousues enrobent le corps, en esquissent ses contours, lui confèrent une présence dans l?espace. Mains aimantes ou menaçantes ?
Lucie Duval aime détourner les objets et les mots de leur fonction première révélant à la fois ironie et contradictions de notre époque : ces vêtements/sculptures s?accompagnent d?une série de photographies où l?utilisation de mots vient en surimpression. Un mot en français est alors mis en rapport avec deux traductions anglaises possibles, aux sens élargis, afin d?insister sur l?ambivalence des signes selon les contextes : man?uvre : main d??uvre non-spécialisée ou ruse, machination. Le même mot selon son contexte peut avoir des significations différentes, voire opposées.
Les photographies de Lucie Duval jouent sur ces deux plans : de simples gants blancs s?assemblent pour former d?audacieux vêtements, tandis que des mots en français et en anglais, en surimpression offrent un univers de significations contradictoires, à l?image de ces gants de travailleurs.