La galerie Isabelle Gounod est particulièrement heureuse d?accueillir Glen Baxter pour sa première exposition personnelle à la galerie.

Explorateurs en casque colonial, étudiants en blazer, buveurs de thé et joueurs de cricket, cow-boys et autres scouts sont les héros ordinaires de ses dessins légendés qui l?ont rendu célèbre. Issus des récits populaires de la jeunesse des années 30 et 40, ces personnages sont placés dans des situations absurdes et extravagantes au milieu desquelles ils semblent conserver un flegme tout à fait britannique : des boy-scouts récitent du Raymond Roussel devant un feu de camp ; un sheriff prend en flagrant délit le cow-boy Perec tentant de voler un E ; des primo-délinquants en blazer mis au pilori sont condamnés à assister à un colloque sur Houellebecq ; des enfants en robe de chambre scrutent à la lanterne la reproduction quasi-industrielle de Mondrian par leur père?

Vers 1970, Glen Baxter crée une formule de dessins légendés, méticuleusement typographiés, dont il fait par la suite, sa forme d?expression usuelle. Il réalise ses dessins à l?encre de chine et au crayon gras. Le dessin est toujours cerné à l?encre, la couleur emplit entièrement le motif. Attitude figée des personnages, absence d?ombre portée et d?expression faciales, arrière-plan strictement délimité. Ses dessins construits avec grande rigueur, évacuent tout pathos stylistique.

Ce maître du Nonsense (en anglais) sait parfaitement où placer le détail que l?oeil découvre souvent dans un second temps et qui modifie tout le sens de la scène. Pour peu que l?on y prête attention, l?incongruité pointe toujours dans les relations que cet artiste anglais établit entre ses textes et ses images. Souvent, le Nonsense et le rire qui s?ensuit reposent sur le décalage entre des images truffées de bizarreries et l?impassibilité de leurs légendes. « Il suffit d?une flèche, d?un hennin, d?un feu au second plan pour que soudain la normalité bascule dans l?absurde. »

«Les surréalistes appelaient ça le ?frisson? [en français dans le texte], cette impression soudain que le sol se dérobe, qu?on est allé trop vite, que l?on s?est trompé. (?) C?est une sensation fugitive, mais très forte, comme si l?esprit perdait momentanément l?équilibre. Exactement ce que j?essaie de faire éprouver à ceux qui regardent mes dessins. J?ai toujours adoré ces accrocs dans la réalité, ces légers vertiges.» 1

Glen Baxter cite volontiers comme sources : Lewis Carroll, le roman « What a life »2 considéré par Raymond Queneau comme pionnier du surréalisme, Buffalo Bill, Tom Mix, George Herriman (créateur de « Krazy Kat »), et ceux qu?il admire le plus : Jarry, Queneau, Raymond Roussel, Beckett, Magritte, Chirico, Desnos, Man Ray?

« Ni aphorismes illustrés, ni simples dessins légendés, les oeuvres de Glen Baxter jouent simultanément de la disjonction et de l?interdépendance d?images et de textes au style doucereux pour provoquer le rire. Chez cet anglo-saxon, le tout est plus grand que la somme des parties. »3


1 Stéphane Jarno, « Les dadas du Colonel », Télérama n° 3077, 2009
2 E.V. Lucas, George Morrow, What a life!: an autobiography, 1911, London, Methuen & Co Ltd
3 Sarah Ihler-Meyer, Artpress n°395, décembre 2012



Glen Baxter est né en 1944 à Leeds (Grande Bretagne), où il a suivi les cours de l?Ecole des Beaux-arts (entre 1960/1965). Peintre et dessinateur, c?est surtout son oeuvre graphique qui l?a fait connaître, aux Etats-Unis d?abord, puis en Grande Bretagne, en Hollande, dans les pays nordiques, en Australie, au Japon et bien sûr, en France où il expose régulièrement. « Colonel Baxter » compte parmi ses « followers » Prince Charles himself, Monty Pythons? John Cleese, Salman Rushdie, Tonino Benaquista et bien d?autres?

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