9 novembre ? 21 décembre 2013


Vernissage le samedi 9 novembre, 16h-21h


 


Ce qui d?emblée pourrait caractériser la peinture de Maude Maris est une certaine qualité de silence : silence du « faire », dont le geste s?emploie à effacer ses propres traces ; silence polaire de sa lumière enveloppante et de ses tonalités douces ; silence enfin de ces espaces cloisonnés, uniquement peuplés de volumes blancs ou colorés, à la fois étranges et vaguement familiers.


Cet abord mutique ? cette réserve ? est sans doute l?une des conséquences du complexe processus de travail mis au point par Maude Maris : elle fabrique en plâtre de petits volumes, pouvant être colorés, et qu?elle agence avec soin à l?intérieur de la maquette d?un espace rectangulaire et blanc. L?ensemble, éclairé avec précision, est photographié : l?image qui résulte de cette prise de vue est la base à partir de laquelle un tableau sera réalisé.


La succession de ces étapes participe d?une stratégie de mise à distance de la peinture avec son « modèle » ? mais pas seulement : elle témoigne également d?une approche réflexive, voire conceptuelle, de la peinture qui se construit en amont, dans ce qui l?excède. Symétriquement, la peinture se poursuit en aval dans la logique déconstructive et expansive des volumes et des installations. Pour l?installation au sol présentée dans l?exposition, Maude Maris a initié une collaboration avec Sylvain Tranquart, créateur de mobilier contemporain. Elle réunit un ensemble de « boîtes » ouvertes, contenant des formes grises dont elles épousent les contours. Discrètement montées sur roues, elles semblent en lévitation et autorisent de multiples réagencements de la part de l?artiste comme des visiteurs. S?y redéploient les matériaux de la peinture : des éléments de facture très lisse, dont les contours associent géométrie et organique, portés par une structure qui fait le trait d?union avec l?architecture, et préserve le caractère transitoire des relations qu?ils entretiennent.


Les objets qui peuplent la peinture de Maude Maris appartiennent à différentes familles de formes ? organiques, minérales, mécaniques ?, évoquent des fragments très stylisés de paysages rocheux, de curieuses pâtisseries ou de confiseries, ou encore figurent des polyèdres complexes. Ces formes suggèrent parfois des fonctionnalités potentielles ? des contreformes appelant des emboîtements, des creux susceptibles d?accueillir un corps au repos. Tantôt solides et opaques, tantôt translucides et comme gélatineuses, leurs textures renvoient aux changements d?état de la matière qu?implique le recours au moulage grâce auquel, de fait, ces petits volumes ont été réalisés.


Moules, empreintes, creux et contreformes sont autant d?indices de leur intériorité, elle-même porteuse d?évocations anthropomorphes. Les tableaux mettent en scène les relations que ces objets-corps entretiennent : la distance qui les sépare, les espaces « entre » (un tableau s?intitule significativement Antre, un autre À deux), leur rapprochement et leurs points de contact ? fussent-ils de l?ordre de l?inframince d?ombres glissant au sol pour effleurer un objet voisin.


C?est aussi de ces rapports ? des rapports sociaux, en somme ? qu?il est question dans les tableaux de Maude Maris. Ils se muent alors en place publique, en forum où se tiennent des assemblées d?objets, bruissant du murmure de leurs conversations silencieuses ? en théâtre, pour le drame discret qui se joue là, dans l?intensité de ces simples présences.


 


Cédric Loire, 2013

array(1) { ["transform"]=> array(2) { ["fit"]=> array(2) { [0]=> int(1920) [1]=> int(1080) } ["compress"]=> int(100) } }